Compensation Carbone : illusion ou solution ?

Compensation carbone, décarbonation, reforestation… Ces termes ont fait florès dans les média et sur les réseaux sociaux. Pas simple de s’y retrouver dans cet imbroglio de concepts.  A la recherche de solutions pour réduire leur empreinte carbone, certaines entreprises ont pu croire que planter des arbres suffirait pour alléger leur bilan et tendre vers le graal, la “neutralité carbone”. L’idée est ici de faire une mise au point sur le concept de la décarbonation, d’en rappeler les étapes, à suivre dans le bon ordre !

 

Planter des arbres ne suffit pas

Il y a quelques années, on a vu nombre d’entreprises en France se lancer dans des opérations de reforestation pour limiter leur empreinte carbone. Pour un produit acheté, on vous proposait de financer un arbre et d’un coup de baguette magique, faire diminuer l’empreinte carbone de l’entreprise planteuse d’arbres.

La démarche a suscité de vives critiques pointant du doigt les limites de cette approche : modèles de calcul discutables des fameux “crédits carbones”, déséquilibre des sols, utilisation accrue d’eau… Critiquée aussi la communication faite autour de ces arbres, taxée de greenwashing.

 

Neutralité Carbone ?
On ne peut parler de neutralité carbone dans le cadre d’une activité humaine industrielle. Les entreprises ont toujours un impact, réductible certes mais impossible à réduire à zéro.

La décarbonation, mode d’emploi

Avant de continuer, rappelons qu’on ne peut parler de neutralité carbone dans le cadre d’une activité humaine industrielle. Les entreprises ont toujours un impact, réductible certes mais impossible à réduire à zéro. Pour mieux comprendre la logique de la décarbonation, il faut revenir à la démarche énoncée par l’ADEME.

“ Toute démarche de compensation carbone doit ainsi s’inscrire dans une logique de trois étapes successives : l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre ; la mise en place d’actions pour éviter et réduire ses émissions ; la compensation* de celles qui ne peuvent être réduites (émissions résiduelles).”

L’Ademe indique bien que la compensation carbone ne s’applique que pour les émissions résiduelles, celles qu’on n’arrive pas à réduire. La priorité pour une entreprise est bien de limiter ses émissions avant tout ! Et ensuite seulement de compenser. 

L’un des enjeux principaux est donc d’intervenir dans la chaîne de valeurs des entreprises pour que ces changements soient à la fois durables et structurels. Pour une entreprise de textile par exemple, il s’agira de travailler au niveau de la production de coton en amont de la fabrication.

 

« La priorité pour une entreprise est bien de limiter ses émissions avant tout ! Et ensuite seulement de compenser. »

Privilégier l’approche locale, préserver la biodiversité

En matière de compensation carbone proprement dite, l’approche privilégiée aujourd’hui est d’envisager des actions au niveau local, en mettant l’accent sur la préservation de la biodiversité, ou encore la restauration et la création d’écosystèmes naturels.
 

En Normandie, des agriculteurs, collectivités et entreprises se sont ainsi associés dans un projet d’expérimentation de valorisation du carbone stocké par les haies bocagères, selon la démarche “carbocage”.

Du côté des acteurs de la compensation carbone, on retrouve aussi ce souci de préserver les écosystèmes naturels et la biodiversité dans leurs projets. Ces projets peuvent se traduire par des actions de réduction d’émissions (projets de déforestation évitée par exemple), ou par le développement des puits de carbone, à travers des projets d’agro-foresterie, de restauration des forêts, et des programmes d’agriculture régénérative. 

C’est le cas de CDC Biodiversité, filiale du Groupe CDC, qui mettra le focus sur la restauration et la préservation de la biodiversité, en s’appuyant sur deux outils : un outil de mesure d’empreinte de la biodiversité des acteurs économiques et un outil d’autodiagnostic de la performance biodiversité destiné aux agriculteurs.

Bonnes pratiques

Pour résumer, et avant de s’engager dans la compensation carbone volontaire, les entreprises garderont en tête quelques bonnes pratiques édictées par l’ADEME :

  • Choisir des projets de compensation labellisés. En France, le label national est le label “bas-carbone,” premier cadre de certification climatique volontaire de l’Etat en France qui valorise les projets visant à réduire les émissions et séquestrer du carbone.
  • Privilégier des projets présentant des approches « développement durable », avec une attention particulière pour les aspects sociaux, la préservation de la biodiversité et la préservation des ressources naturelles.
  • Communiquer de manière responsable en supprimant les expressions telles que « 100 % compensé », « zéro impact carbone ».

 

Si la compensation carbone ne doit pas être la première étape sur le chemin de la décarbonation, elle reste néanmoins une solution et un levier à activer face à l’urgence climatique réaffirmée dans le dernier rapport du GIEC.

 

 

*La compensation carbone ne rentre pas dans le bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES), obligation réglementaire depuis la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015.

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